17 février 2016

12 janvier au 17 février : Athènes Part 2

Happy journey in Soliba

Nous sommes arrivés au terminal E1 en espérant donner de notre temps pour la cause des réfugiés pour une durée indéterminée. Le projet Soup Port nous a accueilli à bras ouverts pour nous offrir une expérience humanitaire hors du commun. L’équipe de volontaires Suisses, Chris en tête, a monté en un mois et demi un convoi de cuisine pour nourrir 500 à 2000 personnes pendant l’hiver. Le concept est simple : les réfugiés qui arrivent au port de Pirée durant les 4 mois de Décembre à Mars sont parfois surpris par le froid. L’association Suisse offre donc des soupes, des fruits frais ou secs, et du tchai pour apporter un petit plus à l’arrivée des demandeurs d’asile. Cette attention ne sauve pas des vies, mais redonne le sourire là où les pleurs, la fatigue et le vide sont dévastateurs. En somme, nous essayons d’humaniser les 500 mètres qui relient le ferry aux bus affrétés par des agences de voyage pour la Macédoine. 

Nous avions planifié une semaine au port de Pirée pour ensuite poursuivre notre route vers la Turquie, mais nous sommes finalement restés 5 semaines aux cotés du Projet Soup Port.

Chaque fin de journée, nous recevons le programme approximatif des prochains jours, avec beaucoup de changements. Les horaires varient selon les grèves, les vents, et les décisions des autorités portuaires. Les réveils sonnent très tôt pour une partie de l’équipe, qui accueille le premier ferry de la journée avec du tchaï, des fruits frais et secs. En milieu de journée, nous démarrons les ateliers de découpe de légumes et de lavage pour cuisiner en fin d’après-midi. Des équipes de volontaires hollandais se joignent à nous, créant une ambiance cosmopolite de solidarité et d’amicalité. Tous unis pour eux ! 

Nous préparons aussi des sachets de fruits secs mélangés. Chaque volontaire a une action à réaliser, et le sachet transite de mains en mains au rythme des chansons grecques de la radio. Une tâche très amusante à faire, de préférence sous le soleil.

Cuisiner pour 1000 personnes est une aventure, surtout lors de la première fois. Une casserole brulée plus tard, la soupe est prête. Nous sommes donc tous deux passés par l’épreuve du feu de Soup Port, avec comme juges un millier de réfugiés. Chris était derrière pour nous assister en cas de problème majeur, mais nous a laisser expérimenter la tension et la peur de rater une casserole. Merci pour sa confiance !
La soupe de Soup Port est évidemment végétarienne, et riche en légumes frais : oignons, poireaux, ail, fenouil, carottes, pommes de terre… Des épices et du riz viennent compléter la recette pour transformer le bouillon en un plat consistant.
La distribution de la nourriture et des boissons chaudes est le couronnement de tous les efforts des volontaires présents. Nous sommes heureux de partager le fruit de quelques heures de travail avec ces voyageurs fuyant la guerre. Chaque regard porte une lourde histoire. Certains ne parlent pas, d’autres pleurent, secoués par les rabatteurs qui oppressent la foule. Une ambiance très particulière dans laquelle nous espérons apporter un peu de gratuité et de chaleur humaine. Nous avons régulièrement des accrocs avec les conducteurs de bus, qui voient d’un mauvais œil notre distribution de nourriture. Les bus partent en direction de la Macédoine, pour un voyage de 10 heures. Il nous importe que les personnes à bord partent le ventre plein et réchauffés.

Les jours s’enchainent sans que nous ne les sentions passer. L’équipe de Soup Port évolue au gré des disponibilités de chacun, mais la philosophie du projet reste la même. 

Un jour, nous apprenons que la frontière Macédonienne est fermée, avec comme première conséquence, un flux de réfugiés complètement coupé. Les autorités décident d’empêcher tout départ de bus depuis Athènes, et la place dans laquelle nous cuisinions est transformée en camp de fortune. La télévision, les radios et les photographes apparaissent. Des associations font un appel d’urgence sur les réseaux sociaux, et nous voyons arriver des dizaines de bonnes volontés aux heures faciles de la journée. En revanche, personne pour couvrir les heures nocturnes… La coordination entre les associations, les volontaires et les autorités est de plus en plus difficile en cette situation de crise. L’armée se met à produire des portions industrielles de nourriture pour 1000 personnes par jour, créant un doublon avec notre cuisine.
La crise durera un temps, avec son lot d’incompréhensions, de discussions houleuses et de réunions informelles pour enfin accorder tous les violons. Seul la fatigue restera un temps, comme une trace de ce moment intense. 

Parfois, nous faison une expedition sur l'aire de stockage d'Elliniko pour aider à trier la montagne de stocks de chaussures, habits, couches et sacs de couchage envoyés par containers de toute l’Europe. Nous voyons au fil des semaines ce lieu s'organiser, mais l'afflux d'affaires noie toute pérennisation des emplacements de stockage. Il faut créer des doublons, impliquant des déplacements supplémentaires pour les volontaires gérant les entrées et sorties de stock. Cet ancien stade de basket olympique est maintenant une caverne d’Alibaba. La prochaine difficulté sera la fluidification de la redistribution des biens entreposés.
Nous profitons des périodes de grèves des ferry pour reprendre de l’énergie et changer d’air. Ainsi, nous avons pu visiter Athènes et ses environ, et connaitre nos compagnons dans un autre contexte que celui de la cuisine.
De retour au E1 après un jour de coupure réparateur, nous reprenons notre tâche, mais le flux de réfugiés semble coupé. L’Europe a demandé à la Grèce de resserrer ses dispositifs aux frontières pour lutter contre le trafic d’humains qui sévit entre la Turquie et les iles grecques. Le dispositif Frontex est renforcé dans le même temps. En résulte une courte accalmie dans le flux de réfugiés, qui permet à toute la route des Balkans d’encaisser les milliers de migrants en transit. Nous ne cuisinons donc pendant quelques jours que pour 100 personnes. 

Ces 5 semaines aux cotés du Projekt Soup Port ont été très intenses en émotions, et nous quittons nos amis avec un pincement au cœur. La Turquie nous attend, et notre voyage se poursuit. Merci Soliba pour cette expérience humaine si riche, et beaucoup de succès dans la suite du projet. Merci Chris.





Talent grec : transporter l'ensemble de ces caisses sur un scooter
Préparation des légumes

Cuisine super equipee, merci !
Chacun son tour d'etre chef ! Chris en action.
Big Cooking session
Le calme avant la tempete

Les familles souvent incomplètes transportent un maximum d'affaires chaudes en vue de la traversée de l'Europe par la route des Balkans.
Tumulte
Chaque bus a son groupe de rabatteurs. Nous avons vu jusqu'a 41 bus attendre sur cette rangee.
Free Soup!
Rush hours
Une courte pause est nécessaire pour manger, mais peu de personnes se l'accordent.

Nous apprenons l'arrivée imminente d'un ferry. 2:00 plus tard, la soupe et le thé sont servis !
E1 envahi

Plus on prend de la hauteur, et plus on voit loin. Bonne chance


Il faut parfois courir de peur de rater le bus payé d'avance.
La fine équipe
Une des equipes de volontaires avec qui nous avons partage de tres bons moments
Les ferry repartent sur les îles, imperturbables.
Repos entre deux bateaux
Athènes
Dans la partie ancienne d'Athènes
Petit village typique au pied d'Acropolis
Street Art
Maison occupée
Best ever breakfast place

Suivez le guide !
Temple de Poséidon, un moment entre amis.

  
Repas Grec, Merci Vasilitree, notre vegetables lady !
Repas Coreen, chez nos nouveaux amis
Une partie de l'equipe de Soup Port. Merci pour tout !
E1 depuis la mer... Direction Chios !